5. Cuisine
de Fujian
La cuisine de Fujian, province du sud de
la Chine, également connue sous le nom de cuisine de Min, est riche d’une
histoire de plus de 5 000 ans. Elle rassemble trois styles différents : le
style de Fuzhou, qui privilégie l’aigre-doux et, de manière générale, des
saveurs plus légères que les deux autres styles, le style du Fujian occidental,
auquel moutarde et poivre donnent un côté légèrement relevé et le style du
Fujian méridional, connu pour ses saveurs pimentées et sucrées.
Les trois caractéristiques principales de la cuisine
Min sont les suivantes : des ingrédients pour l’essentiel issus de la montagne
et de la mer, un goût affirmé pour les soupes et un savoir-faire indéniable en
matière d’assaisonnements. La province étant généreusement dotée en ressources
naturelles, les ingrédients sont habituellement d’excellente qualité.
La spécialité de la cuisine du Fujian,
ce sont les soupes. Comme le dit un proverbe local : « impossible d’imaginer un
repas sans soupe ». Par ailleurs, les habitants du Fujian ont l’habitude
d’accompagner leurs plats de diverses sortes de sauces et d’assaisonnements,
aussi bien salés que sucrés, acides que pimentés. Parmi les assaisonnements
salés, citons la sauce aux crevettes, l’huile de crevette et la sauce soja. Les
assaisonnements acides comprennent le vinaigre blanc et le qiaotou (un légume
semblable à l’oignon vert et à l’ail). Pour sucrer leurs plats, les habitants
du Fujian utilisent aussi bien de la cassonade que du sucre blanc. Pour
accompagner leurs plats sucrés, ils n’hésitent pas non plus à utiliser de la
poudre de piment, de l’anis ou de la cannelle. Enfin, le poivre et la moutarde
sont communément utilisés pour relever les plats.
Les chefs du Fujian font appel à de
nombreuses techniques de préparation : les aliments peuvent être frits avec un
minimum d’huile ou frits longuement et à température élevée, bouillis, cuits au
four, mijotés à feu doux, sautés au vin, mitonnés dans leur jus, grillés, cuits
au vin de riz rouge, fumés, braisés ou encore salés. De toutes ces techniques,
la plus caractéristique est la cuisson au vin de riz rouge : les aliments sont
soit sautés, soit cuits au four, soit frits, brièvement ou longuement. Connues
sous le nom de « plats ivres », ces spécialités sont très répandues dans le
Sichuan et fameuses dans toute la Chine.
6. Cuisine
du Jiangsu
La cuisine du Jiangsu, également nommée plus brièvement cuisine de Su, est née dans la province éponyme du sud de la Chine. Elle se distingue par la fraîcheur de ses saveurs, ni trop salées ni trop sucrées, riches sans être grasses et légères sans être fades. Cette cuisine a pour spécialité les soupes. Elle se caractérise aussi par l’attention portée à la préservation du goût des ingrédients utilisés. Elle fut autrefois la deuxième en importance des écoles de cuisine de la Chine impériale, et elle occupe encore aujourd’hui une place importante dans les banquets d’État en Chine.
La cuisine du Jiangsu comprend six styles différents : le style de Nankin, le style de Yangzhou, le style de Suzhou, le style de Huai’an, le style de Xuzhou et le style de Haizhou, les plus notables étant les trois premiers.
Le style de Nankin est réputé pour ses techniques de découpe des aliments en morceaux très fins, permettant de préparer des plats au goût raffiné et à l’apparence soignée. Les mets, tendres et croustillants, se distinguent par leur fraîcheur et leurs arômes. La cuisine de Suzhou privilégie les saveurs sucrées et excelle dans l’utilisation des légumes des quatre saisons, des poissons d’eau douce et des fruits de mer. Le style de Yangzhou, autrefois appelé style de Huai-Yang, est renommé pour ses techniques de découpe tout en finesse, le minutage précis des différentes opérations et ses présentations originales, aux couleurs ravissantes.
Le Jiangsu est traversé par le Yangzi et baigné par la mer Jaune, d’où une abondance de poissons d’eau douce et de fruits de mer, qui forment les principaux ingrédients de la cuisine de la province. Les habitants du Jiangsu sont passés maîtres dans l’art de préparer le poisson, selon différentes techniques de cuisson, depuis près de 2 000 ans. Les chefs du Jiangsu utilisent une grande variété de plantes locales notamment la brasénie de Schreber (une sorte de feuille de nénuphar), le lotus du Taihu (lotus du lac Tai), la châtaigne chinoise, les pousses de bambou d’hiver, le bambou d’eau et les châtaignes d’eau.
7. Cuisine
du Shandong
L’histoire de la cuisine du Shandong
(également nommée cuisine de Lu), province de l’est de la Chine remonte à la
dynastie des Qin (221 av. J.-C. – 207 av. J.-C.). Elle fait partie des huit
grandes écoles de cuisine chinoises depuis la dynastie des Song (960-1234).
C’est la plus répandue des cuisines régionales chinoises. Elle est
particulièrement appréciée à Pékin, à Tianjin et dans tout le nord-est de la
Chine.
Plus que les autres cuisines régionales
chinoises, la cuisine du Shandong prend garde à préserver la fraîcheur des
ingrédients qu’elle emploie. Ses mets savoureux, tendres et croustillants, aux
saveurs salées, sont réputés. Les cuisiniers spécialisés dans ce style de cuisine
sont connus pour leur savoir-faire en matière de soupes.
Le Shandong étant une province côtière,
il n’y a rien d’étonnant à ce que les fruits de mer soient l’un des ingrédients
favoris des cuisiniers locaux : coquilles Saint-Jacques, crevettes, palourdes,
concombres de mer et calmars sont pêchés localement et d’excellente qualité.
Outre les fruits de mer, la cuisine du Shandong utilise le maïs, les
cacahuètes, diverses céréales, comme le millet, le blé, l’orge et l’avoine,
ainsi que des légumes cultivés dans la province comme les pommes de terre, les
tomates, les choux, les champignons, les oignons, l’ail et les aubergines.
La cuisine de Lu compte plus de 30
techniques de cuisson différentes. La technique de Bao (mets frits rapidement)
et la technique de Pa sont parmi les plus couramment utilisées. La première
consiste à frire les aliments à très haute température, à feu fort. On enlève
ensuite l’huile et on ajoute les assaisonnements aux aliments, restés dans le
wok. La technique de Pa, mise au point dans le Shandong, consiste quant à elle
à découper les ingrédients selon une forme particulière pour commencer, puis à
les enduire d’une poudre et à les faire dorer, avant d’y ajouter pour finir une
sauce dans laquelle on les fait sauter tout en les remuant.
8. Cuisine du Sichuan
La cuisine du Sichuan est la plus
appréciée de Chine, comme l’atteste l’ampleur de son succès à travers tout le
pays. D’un point de vue statistique, cette réussite est en partie due au fait
que l’un des endroits où l’engouement pour la gastronomie sichuanaise est le
plus prononcé (hors du Sichuan) est la municipalité de Chongqing, fortement
peuplée, et qui faisait autrefois partie de la province du Sichuan.
Les spécialités du Sichuan sont réputées
pour leur saveur pimentée, saveur que les Sichuanais désignent sous le nom de «
pimenté sec », insistant sur le fait qu’elle est bien distincte du « pimenté
humide » caractéristique d’autres styles de cuisine. Selon les Sichuanais, la
particularité du « pimenté sec » tient dans le fait que les épices utilisés
pour concocter un plat de ce style consistent en un mélange d’ingrédients secs
: des grains de poivre (noir, rouge ou blanc) séchés et écrasés, des piments
écrasés, et le poivre local, appelé huajiao 花椒 (littéralement « poivre-fleur » ; il s’agit
en fait du fruit du frêne épineux chinois), que l’on fait lui aussi sécher
avant de l’écraser. D’après les gourmets, les gourmands et les chefs
spécialisés dans la cuisine du Sichuan (soit à peu près tous ceux qui s’y connaissent
dans ce domaine :), les traits caractéristiques du « pimenté sec » consistent
en un engourdissement immédiat de la langue et en un agréable arrière-goût
pimenté.
La cuisine du Sichuan est également
réputée pour la richesse de ses saveurs. Des saveurs qui semblent toutes réunies
dans l’un des plats les plus fameux du Sichuan et de la municipalité de
Chongqing : la fondue. Parmi les ingrédients les plus courants qui font la
richesse de ces saveurs de la cuisine sichuanaise, on peut citer les poivrons
rouges, l’ail, les concombres marinés et pimentés à la moutarde de Fuling, les
germes de soja fermenté de Tongchuan, les haricots verts, les cacahuètes, la
ciboule, la sauce de fèves de Pixian, la sauce pimentée de Chongqing, la sauce
soja de Zhongba, deux sortes de vinaigres (le vinaigre de cuisine de Baoning et
le vinaigre à salade de Sanhui), ainsi que le sel de mer du Sichuan, issu des
puits de Zigong.
Mais tout ceci ne représente qu’une
petite partie de toutes les bonnes choses que l’on trouve dans la province.
N’importe quel habitant de la région vous le dira, le climat, remarquable,
favorise le développement d’une grande variété de plantes, dont beaucoup sont
utilisées en cuisine (et dans la préparation d’aliments médicamenteux). C’est
par exemple dans le Sichuan que poussent quelques-uns des plus savoureux
champignons de tout le pays (de ce point de vue, le Sichuan est à la Chine ce
que la Dordogne, avec ses truffes et ses cèpes, est à la France).
Les chefs du Sichuan excellent dans la
préparation des plats frits et sautés. Ils sont aussi connus pour leur
savoir-faire dans la préparation de deux sortes de plats propres à la cuisine
sichuanaise : les plats braisés et les plats mijotés. Le braisage à la
sichuanaise a pour objectif d’extraire l’eau des aliments : les légumes et les
morceaux de viande coupés en dés sont cuits dans un récipient en acier épais,
au fond duquel on a au préalable versé un petit peu d’huile, afin d’éviter que
cela accroche. Une fois l’eau évaporée, on ajoute les épices et de l’huile. Ce
procédé de cuisson permet d’obtenir des morceaux de viande tendres et juteux et
des légumes croustillants.
La cuisson mijotée à la sichuanaise est
une méthode utilisée pour préparer une sauce à partir d’une soupe ou d’un
bouillon. La soupe ou le bouillon sont réduits à feu doux jusqu’à obtenir la
consistance souhaitée, puis on y ajoute une autre sauce, plus épaisse, et
parfumée, telle que la sauce de fèves de Pixian ou la sauce pimentée de
Chongqing. Les soupes et les bouillons sont souvent préparés avec de la viande
persillée (ou avec des os couverts de viande grasse), cela leur donnant plus de
saveur. Lorsqu’on les réduit, on obtient une sauce plus grasse que celles qui
sont préparées avec du lait ou de l’amidon de maïs. C’est notamment cela qui
donne à cette cuisson mijotée à la sichuanaise toute sa saveur.
Il existe un dicton à propos de la
cuisine du Sichuan dont sont particulièrement fiers les chefs spécialisés dans
ce style de cuisine, notamment ceux de Chengdu et de Chongqing : « la cuisine
du Sichuan est la seule à compter cent plats différents, chacun doté de sa
propre saveur, et la seule à compter un plat réunissant ces cent saveurs différentes
».
Vous trouverez ci-dessous un choix
représentatif des spécialités du Sichuan. Notez que les poissons d’eau douce et
les crustacés sont particulièrement appréciés dans cette province et que, aussi
étrange que cela puisse paraître aux palais occidentaux, les sauces et plats à
base de poisson sont parfois servis avec des plats de viande (porc, bœuf, etc).