Les Trois
Étoiles 三星 (sān xīng),
ou trois dieux du Bonheur se nomment : Étoile du
Bonheur, Fuxing 福星 ; Étoile des Dignités ou de la
prospérité, luxing禄星, et Étoile de la Longévité, Shouxing寿星.
Il est
généralement admis que l'Étoile du Bonheur est Yang Cheng, un
fonctionnaire du VIe siècle de notre ère : il était mandarin à Daozhou, pays où
les hommes étaient de très petite taille, et l'empereur de ce temps, qui aimait
à s'entourer de nains comme bouffons et comédiens, faisait venir chaque année
un si grand nombre de gens de Daozhou que toutes les familles étaient dans la
désolation ; Yang Cheng écrivit une requête à l'empereur à ce sujet, et
celui-ci, touché, laissa les habitants de Daozhou en paix.
Mais à
d'autres aussi est attribuée cette fonction, en particulier à Guo Ziyi, le
général qui sauva la dynastie des Tang après la révolte de An Lushan, au milieu
du VIIIe siècle. On raconte qu'un soir, le 7 du septième mois, comme il allait
se coucher, il vit soudain dans une lumière une femme assise sur un lit ; il la
salua en disant :
— C'est
aujourd'hui le 7 du septième mois, vous êtes sûrement la Tisseuse Céleste. Je
vous prie de m'accorder bonheur et richesse.
Elle lui
répondit alors qu'il était le Dieu du Bonheur. C'est là une scène souvent
représentée dans l'imagerie populaire. Très souvent, le Dieu du Bonheur est
confondu avec l'Agent du Ciel, et il est figuré comme celui-ci, debout en
costume de mandarin civil, tenant en main une devise promettant le bonheur, par
exemple :
« L'Agent
du Ciel apporte en don le Bonheur. »
Quand il
est accompagné d'un enfant, on dit que c'est Guo Ziyi conduisant son fils à la
Cour. Souvent il est entouré de symboles du bonheur : des chauves-souris
voltigent autour de lui (chauvesouris se dit fu, qui se prononce exactement
comme le mot bonheur, fu).
L'Étoile
des Dignités, Luxing, qu'on appelle souvent simplement l'Étoile des
Fonctionnaires, Guanxing, est un personnage appelé Shi Fen, originaire de
Henei, qui s'attacha tout jeune à la fortune du fondateur de la dynastie Han,
comme il passait dans sa ville natale après l'avoir conquise (205), et mourut
plus que centenaire en 124, comblé d'honneurs et de richesses ; lui-même et ses
quatre enfants jouissaient chacun d'un traitement de deux mille shi de grains (sous
les Han on payait les traitements des fonctionnaires moitié en grains, moitié
en monnaie, et on évaluait la totalité en mesures d'environ 3 pieds cubes
appelées shi, valant à peu près 25 litres), de sorte qu'on l'appelait Monsieur
Dix mille shi, Wanshijun. Suivant d'autres, ce serait l'étoile Kui. D'autres
encore admettent que c'est la constellation Wenchang, et que c'est le Grand
Empereur de la Littérature qui est désigné sous ce nom ; il a, en effet, reçu
autrefois le titre de Chargé des Dignités et des Émoluments des Vivants et des
Morts.
Le Dieu de
la Longévité, Shoushen, est appelé aussi le Vieillard du Pôle Austral : c'est
le dieu de la belle étoile Canope du Navire Argo. C'est lui qui décide de la
date de la mort de chaque homme. Quand le physiognomoniste Guan eut constaté
que Zhao Yan ne passerait pas vingt ans, il lui conseilla d'aller, un jour
qu'il fixa, dans la partie Sud d'un certain champ, au pied d'un grand mûrier,
en emportant avec lui une jarre de vin et de la viande de cerf séchée : il trouverait
là deux hommes jouant aux dames, à qui il offrirait du vin et de la viande, et,
quand ils lui parleraient, il se contenterait de saluer sans rien dire.
L'enfant fit comme il lui était dit, et les deux joueurs burent son vin. La
partie achevée, l'un d'eux dit à l'autre :
— Nous avons bu son vin, ne lui en saurons-nous pas gré ?
— Le document officiel concernant la vie de cet enfant est achevé. Que faire ?
Répondit
l'autre. Le premier prit le document, et, après l'avoir examiné, intervertit
l'ordre des mots dix et neuf, en sorte que, de dix-neuf ans de vie qui y
étaient inscrits, il fit quatre-vingt-onze ans. Puis ils disparurent tous les
deux. Quand il fut revenu, Guan Lu expliqua que l'un était le Dieu du Pôle Nord
qui fixe les naissances, et l'autre le Dieu du Pôle Sud qui fixe les décès. Le
Dieu de la Longévité a un énorme crâne chauve qui s'élève avec des bosses
proéminentes très haut au-dessus de la figure ; il est généralement debout,
appuyé d'une main sur le bâton noueux des Immortels, et tenant de l'autre une
pêche, fruit qui donne l'immortalité ; on met souvent à ses pieds un champignon
et une tortue, symboles de longue vie.
On
représente souvent ensemble les trois dieux du Bonheur : le Dieu du Bonheur, au
milieu, ayant celui de la Longévité à sa gauche et celui des Émoluments à sa
droite ; quelquefois on les figure symboliquement : un pin (longévité) sous
lequel se trouvent un cerf (émoluments) et une chauvesouris (bonheur) ; parfois
on ajoute un champignon et une grue, autres symboles de longévité. D'autre
part, dans les familles qui n'appartiennent pas à la classe des Lettrés, on
remplace fréquemment le Dieu des Émoluments par l'Immortel qui donne des
Enfants, qu'on place à droite du Dieu du Bonheur, faisant pendant au Dieu de la
Longévité placé à gauche. Il y a aussi des images taoïques des Six Dieux du
Bonheur qui sont les six étoiles du Boisseau Méridional (Sagittaire), c'est à
dire les trois précédents et trois autres moins connus, sous la présidence de
l'Étoile de la Longévité : on les colle quelquefois en pendants à des images
des Sept Dieux du Boisseau Septentrional (Grande Ourse) ; il y a enfin des
images bouddhiques de Sept Dieux du Bonheur ; mais ce dernier groupe est plus
populaire au Japon qu'en Chine.
On peut
retrouver ces trois divinités sous les noms de :
- Les Trois dieux du Bonheur
- Les Trois étoiles
- Les Trois Vénérables aînés
- Les Trois Ministres âgés
- Les Trois Immortels du bonheur, des émoluments et de la longévité 福禄寿三仙 (fun lu sou San xiang)
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