Confucius (551 av ; J-C. - 479 av. J-C.) est
le fameux sage-philosophe chinois auquel sont attribués à tort tant de
proverbes dits chinois. Né à Qufu曲阜 dans l'actuelle province du Shandong 山东, il est appelé Kǒngzǐ 孔子 ou Kǒng Fūzǐ 孔夫子
par les Chinois, ce qui signifie « Maître Kong » et qui fut latinisé par les Jésuites en « Confucius ».
Selon la
tradition, son père fut un descendant de la dynastie Shang et gouverna la
province de Lu 鲁 (dans le sud-est de l'actuelle
Shandong山东).
Il épousa en
secondes noces, alors qu'il avait 70 ans, une jeune fille de 20 ans. Il mourut
alors que Confucius n'avait que trois ans et laissa sa famille dans la
pauvreté.
Dès l'âge de dix-sept ans, grâce à un
goût précoce pour les livres et les rites, Confucius serait devenu précepteur.
Il se maria à vingt-quatre ans et eut deux enfants (un fils (Kong Li 孔鲤 et une fille). Pour vivre, il effectuait probablement des
tâches administratives pour le chef de province. La légende affirme qu'il
aurait rencontré Lao Zi老子en allant consulter des annales, et qu'il en aurait été
si fortement impressionné qu'il n'aurait plus parlé pendant trois jours ou un
mois.
Après la mort de sa mère en -527, il
se mit à enseigner sa connaissance des textes anciens au petit groupe de
disciples qui le suivait. Après quelques emplois subalternes à la cour de son
prince, il se fait écarter du poste et il part en -496 pour quatorze ans
d'errance, à la recherche d'un souverain capable de l'écouter. Puis il rentre
définitivement à Lu鲁pour se consacrer à l'enseignement et la compilation de
textes anciens, jusqu'à sa mort en -479.
Après plus de deux millénaires de
scolastique, il est difficile de se faire une idée juste de l'enseignement
originel de Confucius. Il est pourtant possible de comprendre les enjeux et la
teneur de sa pensée en lisant les Entretiens, livre dans lequel on voit le
Maître vivre et discuter des problèmes de son temps avec ses disciples.
Bien qu'il n'ait jamais développé sa
pensée de façon théorique, on peut dessiner à grand traits ce qu'étaient ses
principales préoccupations et les solutions qu'il préconisait. Partant du
constat qu'il n'est pas possible de vivre avec les oiseaux et les bêtes sauvages,
et qu'il faut donc vivre en bonne société avec ses semblables, Confucius tisse
un réseau de valeurs dont le but est l'harmonie des relations humaines. En son
temps, la Chine était divisée en royaumes indépendants et belliqueux, les
luttes pour l'hégémonie rendaient la situation instable et l'ancienne dynastie
des Zhou周 avait perdu le rôle unificateur et
pacificateur que lui conférait le mandat du Ciel. Confucius voulait donc
restaurer ce mandat du Ciel qui conférait le pouvoir et l'efficacité à l'empereur
vertueux. Cependant, bien qu'il affirme ne rien inventer et se contenter de
transmettre la sagesse ancienne, Confucius a interprété les anciennes
institutions selon ses aspirations et il a semé les graines de ce que certains
auteurs appellent l'« humanisme chinois ».
Mettant l'homme au centre de ses
préoccupations et refusant de parler des esprits ou de la mort, Confucius n'a
pas fondé de religion au sens occidental du terme, même si un culte lui a été
dédié par la suite. Cherchant à fonder une morale positive, structurée par les
« rites » et vivifiée par la « sincérité », mettant l'accent sur l'étude et la
rectitude, Confucius représente pour les Chinois d'avant la Révolution
l'éducateur par excellence, mais la lecture attentive des Entretiens montre qu'il
n'a pas voulu s'ériger en maître à penser, et qu'au contraire il voulait
développer chez ses disciples l'esprit critique et la réflexion personnelle : «
Je lève un coin du voile, et si l'étudiant ne peut découvrir les trois autres,
tant pis pour lui. »
Un apport très important et
révolutionnaire en quelque sorte de Confucius est à chercher dans la notion de
« Junzi 君子 »
(« gentilhomme ») qui, avant lui, dénotait une noblesse de sang et dont il a
modifié le sens pour le transformer en noblesse du cœur, un peu comme le mot
anglais gentleman. Son enseignement, bien que principalement orienté vers la
formation de futurs hommes de pouvoir, était ouvert à tous, et non pas
seulement aux fils de princes. On peut faire remonter à cette impulsion de
départ la longue tradition des examens impériaux, chargés de pourvoir l'État en hommes intègres et cultivés, que le plus humble paysan pouvait (en théorie)
tenter. Bien que cette institution « méritocratique » ait subi différents
avatars et distorsions, elle a certainement joué un rôle prépondérant dans la
pérennité de la culture chinoise et dans la relative stabilité de l'Empire
Céleste pendant deux millénaires.
Selon Confucius, la soumission au
père et au prince va de soi et garantit la cohésion des familles et du pays, mais
elle s'accompagne d'un devoir de (respectueuses) remontrances si le père ou le
prince vont dans la mauvaise direction. De très nombreux lettrés chinois, se
réclamant à juste titre de l'enseignement de leur Maître, ont péri ou été
bannis pour avoir osé critiquer l'empereur quand celui-ci, sous l'emprise d'une
clique du harem ou de prêtres taoïstes, ne prenait plus soin de son peuple et
laissait le pays sombrer dans la famine ou la guerre civile.
La postérité de Confucius en Chine et
en Extrême-Orient ne saurait être sous-évaluée. Ses commentateurs et ses
continuateurs proches comme Mencius 孟子 et Xun Zi 荀子 ont formé un corps de doctrine, appelé Confucianisme, qui a
été choisi comme philosophie d'État en Chine pendant la dynastie Han.
Jusqu'à la fin de l'Empire en 1911, le système des examens basé sur le corpus
confucéen est resté en vigueur. Certains analystes chinois ou occidentaux
pensent que l'influence du Confucianisme est toujours prépondérante à l'époque
actuelle, et certains pays comme la Corée du Sud (cf. art. I I) ou Singapour
continuent de se réclamer de cette doctrine politique.
Cette continuité apparente du
Confucianisme en Chine ne doit cependant pas cacher les constants
renouvellements, suivis de retours aux sources ou d'éclipses temporaires, qui
ont animé l'histoire de la pensée chinoise. Ainsi le renouveau du Confucianisme
instauré par Zhu Xi朱熹 pendant la dynastie Song 宋, après une relative mise en retrait durant la dynastie des
Tang 唐, a
intégré les apports anciens de la pensée taoïste et les apports plus récents du
Bouddhisme en une orthodoxie qui est restée relativement incontestée depuis
lors, et il a fallu attendre la fondation de la République de Chine pour que
soit aboli l'enseignement des Quatre Livres et des Cinq Classiques confucéens :
Les Quatre Livres (四书 Sì shū) sont
La Grande Étude, (大学Dà Xué).
L'Invariable Milieu (中庸 Zhōng Yóng).
Les Entretiens de Confucius (论语Lùn Yǔ).
Le Mencius (孟子 Mèng Zǐ).
Les Cinq Classiques (五经Wǔ jīng) sont
Le Canon des Poèmes (诗经Shī Jīng).
Le Canon de l'Histoire (书经Shū Jīng).
Le Livre des Mutations ou Yi King (易经Yì Jīng).
Le Livre des Rites (礼记Lǐ Jì).
Les Annales des Printemps et des
Automnes (春秋 Chūn Qiū, alias 麟经 Lín Jīng).
Un sixième classique a été perdu : Le
Canon de la Musique (乐经 Lè jīng).
Confucius a voyagé l'histoire des nations - 孔子周游列国的故事 |