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jeudi 27 décembre 2018

守株待兔Shǒuzhūdàitù - Attendre le lièvre sous l'arbre


Shǒuzhūdàitù
守株待兔

Sòng guó shídài, yǒu yīgè zhòngtián de rén, yǒu yītiān zhèngzài tián lǐ gàn huó, hūrán, yī zhǐ tùzǐ
宋国时代,   有一个种田的人,        有一天正在田里干活, 忽然,一只兔子
cóng cǎo cóng lǐ pǎo chūlái, yītóu zhuàng dào tián biān de dà shù shàng, zhéduànle bózi,
从草丛里跑出来,       一头撞到田边的大树上,       折断了脖子,
dào zài dìshàng bù dòngle. 
倒在地上不动了。
  
Zhège rén gǎnkuài pǎo guòqù, bǎ tùzǐ jiǎn qǐlái. 
这个人赶快跑过去,      把兔子捡起来。

Tā gāoxìng jíle, xīnlǐ xiǎng: Méi yòng yīdiǎn lìqì, jiù jiǎnle yī zhǐ yòu féi yòu dà de tùzǐ.
他高兴极了,心里想 :没用 一点力气,就捡了一只又肥又大的兔子。
Yào shì yǐhòu měitiān dū néng jiǎn dào yī zhǐ tùzǐ, nà gāi duō hǎo a !
要是以后每天都能捡到只兔子,那该多好啊 !

Cóngcǐ yǐhòu, tā bù zài zhòngtiánle, zhěng tiān zuò zài shù páng, děngzhe zài yǒu tùzǐ pǎo lái zhuàng sǐ.
从此以后,他不再种田了,整天坐在树旁,   等着再有兔子跑来撞死
Rìzi yītiān yī tiāndì guòqùle, zài yě méiyǒu tùzǐ láile.
日子一天一天地过去了,再也没有兔子来了。

Tā de tián lǐ cháng mǎnle yěcǎo, zhuāngjià quán wánliǎo.       
他的田里长满了野草,     庄稼全完了

Hòulái rénmen yòng “shǒuzhūdàitù"lái bǐyù wàngxiǎng chénggōng ér bù jīngguò nǔlì de rén.
后来人们用守株待兔"来比喻妄想成功而不经过努力的人。



Quel que soit le domaine, fa persévérance doit être cultivée pour réussir. Attendre que tout tombe du ciel risque de se conclure comme l’histoire de ce paysan de [époque de Song...

Attendre le lièvre sous l'arbre

À l'époque Song vivait un cultivateur.
Un jour, alors qu'il travaillait au champ, un lapin jaillit soudain d'une touffe d'herbe, il se cogna la tête contre un arbre [qui était] au bord du champ, se brisa le cou [et] s'écroula sur le sol, sans bouger.

L'homme se précipita [et) le ramassa.

Il était très content. Au fond de lui, il pensa « Sans effort [il est possible] de ramasser un lapin grand et gros. Si désormais, chaque jour je peux ramasser un lapin, ce serait vraiment bien »

Depuis ce jour, il ne cultiva plus [ses] champs. Toute la journée, il s'asseyait à côté de l'arbre en attendant qu'un lapin vienne se fracasser la tête en courant.

Les Jours passèrent. [mais] aucun lapin ne vint.

Dans ses champs, les mauvaises herbes poussèrent et envahirent tout. Toute la récolte périt.

Ce chengyu veut dire… :
Plus tard on employa ce chengyu « 守株待兔 » (Surveiller arbre attendre lapin/lièvre) pour dire qu'il est insensé de penser obtenir des résultats sans travailler.

Autres traductions proposées :
-Surveiller la souche dans l’attente d’un lièvre.
-Attendre le lapin au pied de l'arbre

Expressions équivalentes :
-Attendre que les alouettes tombent toutes rôties dans la bouche.
-Attendre que tout tombe tout cuit.
-Vivre sur ses lauriers.
-S'entêter dans de vains espoirs.
-Avoir un poil dans la main.
-Tirer la (sa) flemme.

Ce chengyu fait penser à… :
Lièvre - lapin : animal lunaire (yin) lié à la divinité Terre - Mère et au symbolisme des eaux fécondantes et régénératrices de la végétation, du renouvellement perpétuel de la vie. (Ce cultivateur s'en est aperçu : l'absence de lapin entraîna sa ruine.)

Il représente la longévité, l'aptitude à mener une vie longue, saine et respectable.

Gambadant la nuit, apparaissant et disparaissant avec vivacité, il hante les clairs de lune de l'imaginaire par son ambivalence symbolique comprenant les deux aspects, faste et néfaste, qu'il est difficile d'isoler. C’est ainsi qu'en Chine, on raconte beaucoup de choses à son sujet. Par exemple la croyance que si une femme enceinte reçoit les rayons lunaires, son enfant naîtra avec un bec de lièvre.

Dans notre langage familier, lorsqu'une personne ne vient pas à un rendez-vous auquel elle est attendue, ne dit-on pas qu'elle a « posé un lapin » ?


mardi 25 décembre 2018

自相矛盾Zì xiāng máodùn - Confronter la lance et le bouclier (l'un à l'autre)


Zì xiāng máodùn
自相矛盾

gǔ shíhòu, chǔ guó yǒu yīgè mài máo hé dùn de rén. Yǒu yītiān, tā lái dào yīgè xiǎo chéngzhèn
古时候,楚国有一个卖矛和盾的人。有一天,他来到一个小城镇
zuò shēngyì. Tā yīshǒu jǔ qǐ tā de máo, kuāyào shuō : “Wǒ de máo fēnglì wúbǐ, wúlùn
做生意。他一手举起他的矛,夸耀说:我的矛锋利无比,无论
duōme jiānyìng de dōngxī dū néng cì chuān.”
多么坚硬的东西都能刺穿。

Guò le yīhuǐ'er, tā yòu jǔ qǐ lìng yī zhī shǒu lǐ de dùn shuō : “Wǒ de dùn jiānyìng wúbǐ,
过了一会儿,他又举起另一只手里的盾说:我的盾坚硬无比
wúlùn duōme fēnglì de dōngxī yě cì bùpò.”
无论多么锋利的东西也刺不破。

Zhè shí, pángbiān yǒurén wèn tā : “Yòng nǐ de máo cì nǐ de dùn, jiéguǒ huì zěnyàng ne ?"
这时,旁边有人问他:用你的矛刺你的盾,结果会怎样呢?"

Zhège mài máo hé dùn de rén bèi wèn dé dā bù chū huà lái.
这个卖矛和盾的人被问得答不出话来。


Yǐhòu rénmen yòng “zì xiāng máodùn" lái bǐyù yīgè rén shuōhuà huò zuòshì bùyīzhì, hùxiāng dǐchù.
以后人们用自相矛盾" 来比喻一个人说话或做事不一致,互相抵触。




Faire des pirouettes oratoires peut mener à de fortes incohérences et mettre en difficulté comme dans le cas du vendeur de lances et de boucliers du pays Chu...


Autrefois, dans le pays de Chu, il y avait un homme qui vendait des lances et des boucliers. Un jour, il alla dans un petit bourg pour y faire du commerce. D'une main, il souleva une lance et la vanta : « Ma lance est incomparablement acérée, aussi dure que soit une chose, elle peut la transpercer ».

Un peu de temps passa. De l’autre main, il souleva un bouclier et dit : « Mon bouclier est incomparablement résistant, aussi acérée que soit une chose, elle ne pourra le transpercer ».

A ce moment, sur le côté, une personne lui demanda : « [Si tu] utilises ta lance pour transpercer ton bouclier, qu'est-ce qui va se passer ?»

L'homme qui vendait les lances et les boucliers et à qui l'on posait cette question ne put répondre et resta Sans rien dire.

Ce chengyu veut dire… :
Ce chengyu « 自相矛盾 » (soi-même lance bouclier) exprime la non cohérence du comportement de la personne, cest-à-dire le fait quelle disse une chose et son contraire, ou qu'elle fasse des choses en contradiction avec ses paroles.

Autres traductions proposées :
-        - Opposer soi-même la lance au bouclier.
-         - Bouclier et lance s'affrontent.

Expressions équivalentes :
- Se contredire.
- Être contradictoire.
- Ne pas être conséquent avec soi-même.
- Démentir ses propres paroles.
- Dire une chose et son contraire.

Ce chengyu fait penser à… :
La lance : symbole axial, phallique ou solaire (yang). Symbole de l'autorité.
Le bouclier : symbole de l'arme passive, défensive, protectrice. Représentation de l'univers.
La confrontation : symbole du passage d'un contraire à l'autre. Elle symbolise la réalité, l'instabilité et l'incohérence psychique, individuelle et collective.

Dans la religion chrétienne, le bouclier est la foi (bouclier de la foi), la lance est celle qui perça le flanc du Christ (de ce fait, par la suite, elle aurait eu la vertu de guérir les blessures qu'elle avait causées).


dimanche 23 décembre 2018

漂亮!中国水墨与时尚的完美结合! Magnifique ! La combinaison parfaite de l'encre de Chine et de la mode !


漂亮!中国水墨与时尚的完美结合!
Magnifique ! La combinaison parfaite de l'encre de Chine et de la mode !



这是一组极具雅致之美的时尚水墨!
Ceci est un ensemble d'encres mondes (vogues) d’une beauté élégante !



浓浓的墨,淡淡的彩
简单流畅的线条
勾勒出东方特有的
高贵、典雅、灵动之韵味
Encre épaisse, une touche de couleur
Lignes simples et lisses
Décrit les caractéristiques uniques de l'Orient
Noble, élégance et charme intelligent



作为一个时尚插画师,囧宁墨坊说:“我用随手的笔锋来表达着,我对东方雅致之美的感悟,对时尚文化的一种东方情怀。”
En tant qu'illustratrice de mode, Suining Mofang a déclaré : "J'utilise un stylo facile à utiliser pour exprimer mes sentiments sur la beauté de l'Orient et les sentiments orientaux de la culture de la mode."
















中国的水墨绘画,西方的时尚潮流服饰文化,在这里以极简而多变的线条自然地融为一体,形成了独特的“墨色时尚”。
La peinture à l'encre de Chine, la culture de l'habillement à la mode occidentale, se fond naturellement dans les lignes minimalistes et changeantes, formant une "mode de couleur d'encre" unique.





samedi 8 décembre 2018

雕版印刷工坊简介 Introduction à l’atelier d’impression de gravure


雕版印刷工坊简介
Introduction à latelier dimpression de gravure







关于雕版印刷的小知识

雕版印刷是在一定厚度的平滑的木板上,粘贴上抄写工整的书稿,薄而 近乎透明的稿纸正面和木板相贴,字就成了反体,笔划清晰可辨。雕刻 工人用刻刀把版面没有字迹的部分削去,就成了字体凸出的阳文。印刷 的时候,用刷子在凸起的字体上涂上墨汁,然后把纸覆在上面,用工具 轻轻拂拭纸背,字迹就印在纸上了。

Petites connaissances sur l’impression xylographique :

L’impression xylographique est, sur une planche de bois lisse d’un certain degré d’épaisseur, l’application d’un écrit soigneusement rédigé, la face du papier fin quasiment translucide collé à la planche de bois, les caractères d’écriture apparaissent le corps inversé, les tracés sont clairement distincts. Le graveur, au couteau à graver gratte la partie à la surface de la planche ne comportant pas d’inscription, se forme à la surface un texte en relief. Au moment de l’impression, avec une brosse on applique sur les caractères d’écriture en saillie de l’encre, puis on pose un papier dessus, avec un instrument on essuie légèrement le dos du papier, les traces d’écriture sont imprimées sur le papier.







mardi 4 décembre 2018

线装书工坊简介 Introduction à l’atelier de la reliure du livre


线装书工坊简介
Introduction à l’atelier de la reliure du livre





关于线装书的小知识 : 中国书籍的装订历史渊源流长,从秦始皇的简策开始,经历了卷轴装、 经折装、蝴蝶装、包背装,到明代中期出现了线装,经历了两千多年的 发展变化。后来,线装书就成为中国书籍装订的主要形式。线装书一般 以四眼线装或六眼线装为主。 线装这种装订方式,是中国古代书籍装帧的最后一种形式,也是古代书 籍装帧技术发展最富代表性的阶段,具有鲜明的中国特色。


Petites connaissances sur la reliure des livres 

La reliure du livre en Chine a une origine lointaine et une histoire pérenne ; depuis les écrits sur lamelles de bambou et planches de bois du premier empereur des Qin, puis l’écrit sur rouleau, la reliure accordéon, la reliure papillon, la reliure au dos enveloppé, jusqu’au milieu de la dynastie Ming où apparaît la reliure cousue, elle a traversé plus de deux millénaires de développements et de transformations. Par la suite, la reliure avec fil devient la forme principale de reliure des livres chinois. Les livres cousus comprennent en général quatre ou six trous « yeux enfilés ». Le livre cousu est la dernière forme de reliure des ouvrages chinois anciens, et l’étape la plus représentative du développement des techniques de reliure des ouvrages anciens, distinctement dotée de spécificités chinoises. 






vendredi 23 novembre 2018

Les guerres de l’opium en Chine


Le tournant de 1839

Lin Tse-Hou, militaire et érudit, écrit à la reine Victoria pour lui demander fermement de faire cesser le trafic d’opium qui prend des proportions considérables. En réponse, « la très pure et très chrétienne reine Victoria » fait savoir que l’Angleterre ne peut abandonner une source de revenus aussi importante.



La situation entre les deux puissances se dégrade rapidement : le 26 février 1839, Lin Tse-Hou ordonne de faire pendre un trafiquant chinois devant les représentations cantonaises des commerçants britanniques. Malgré l’hostilité d’une partie corrompue des élites chinoises, Lin tient bon et organise la lutte dans la ville et la province de Canton. Il fait arrêter 1700 trafiquants de drogue chinois et confisque 70 000 pipes d’opium. Il publie un arrêté où les marchands s’engagent à ne pas transporter d’opium et à laisser inspecter leurs bateaux. Cette tracasserie supplémentaire précède l’arrivée, en juillet 1839, des « 39 règles » dont les principales mesures irritent particulièrement le gouverneur Elliot, représentant de la couronne anglaise en Chine : peine de mort aux contrevenants, 18 mois accordés aux victimes pour désintoxication et peines appliquées aux étrangers, ce qui viole le principe d’extra-territorialité si cher aux Anglais. Après ces multiples pressions, Elliot n’a d’autres choix que d’autoriser la remise de 20 290 caisses d’opium aux autorités chinoises. Elles sont ouvertes puis avec l’aide de la population, l’opium est réduit en pâte, délayé dans de grandes cuves installées sur les plages et jeté à la mer le 7 juin 1839. Le préjudice de deux millions de livres sterling fera l’objet de vives discussions au Parlement de Londres l’année suivante.
Dans ce contexte de lutte contre la contrebande, les Anglais doivent quitter non seulement Canton mais aussi Macao. Beaucoup d’entre eux se réfugient dans des bateaux au large. Mais ils reçoivent des renforts navals et le trafic peut reprendre rapidement dans quelques îles sous la protection de l’artillerie des frégates britanniques Volage et Hyacinthe.
L’Angleterre se prépare à une guerre que l’on sait conduite essentiellement pour protéger les intérêts des trafiquants de drogue. La destruction des caisses d’opium du 7 juin 1839 fournit le prétexte attendu pour déclencher les hostilités.




Première guerre de l’opium

Le 4 septembre 1839 a lieu la première bataille navale de la guerre de l’opium dans la rade de Hong Kong. Les navires chinois sont complètement débordés par la supériorité technique de la marine anglaise. Un autre affrontement à Chuenpi, montre la faiblesse des jonques de guerre chinoise. Lin Tse-Hou interdit le port de Canton aux navires britanniques en décembre 1839, l’empereur le soutient et décide de « fermer pour toujours » Canton aux Britanniques en janvier 1840.
Sous la pression des lobbys du textile et de l’opium, avec l’accord du Parlement, le Premier ministre Palmerston envoie une lettre au gouvernement de l’Inde afin de préparer l’escadre d’un corps expéditionnaire : 16 vaisseaux de ligne, 4 canonnières, 28 navires de transport, 540 canons et 4 000 hommes. L’état final recherché est très clair : obtenir l’indemnité pour l’opium confisqué, pour le règlement de certaines dettes des marchands du Co-Hong et pour celui des frais de l’expédition, faire ouvrir les ports de la côte, Canton, Amoy, Fuzhou, Ningbo, Shanghai au commerce britannique libéré du système du Co-hong. La mission aussi : mettre en place le blocus de Canton, contrôler les embouchures du Yang-Tsê et du fleuve Jaune afin de paralyser le commerce extérieur chinois et s’emparer de Pei-Ho, aux portes de la capitale.
L’escadre arrive donc au large de Canton en juin 1840. Un croiseur britannique bombarde Canton et occupe l’archipel voisin des Chousan : le célèbre concept de « diplomatie de la canonnière » est né. Les britanniques attaquent Canton mais sans succès, car Lin a fait planter des pieux retenus par des chaînes dans le port pour empêcher les bateaux d’accoster. Une milice efficace défend la ville.
Les Britanniques conquièrent alors une île de pêcheurs devant le delta de la rivière des Perles, juste en face de Canton, nommée « port parfumé » (Hong Kong) et en font une tête de pont. Les combats commencent réellement en juillet. Les frégates Volage et Hyacinthe défont 29 navires chinois.



Les Britanniques capturent le fort qui gardait l’embouchure de la rivière des Perles. La cour chinoise prend peur, Lin Tse-Hou tombe en disgrâce. Condamné à l’exil en Lli, lugubre région de l’Ouest à la frontière Kazakh, il est remplacé par un aristocrate, Qishan. Réhabilité en 1845, Lin Tse-Hou ne sera cependant jamais devenu le Mustafa Kemal de l’Empire Chinois, capable de stopper et défaire les Européens. Des négociations s’engagent alors à Canton : Qishan fait démolir les fortifications de Lin, dissoudre la milice en novembre 1840 et réduire le nombre de soldats. Les Britanniques revendiquent la reprise du commerce, le remboursement des stocks d’opium détruits et Hong Kong pour sa position stratégique et son port en eaux profondes. Qishan refuse. Les Britanniques tentent de le faire plier en attaquant et s’emparant de quelques ouvrages de fortification. Qishan prend peur et accepte les revendications.
La cour chinoise pense que l’accord négocié par Qishan ne concerne que la reprise du commerce. Lorsqu’il apprend que les exigences des Européens vont bien au-delà, l’empereur décide de destituer Qishan et déclare la guerre aux Britanniques le 29 janvier 1841. L’empereur remplace Qishan par Yishan.
En 1841, sur le plan militaire, les Chinois subissent revers sur revers, sauf lors de l’engagement de milices. Yishan met plusieurs semaines à arriver à Canton. L’assaut qu’il lance contre les Britanniques est repoussé et les Chinois se replient à l’intérieur de la ville. Dans la province de Canton, les Britanniques se rendent vite maîtres des endroits stratégiques : fin 1841, prise de Chenhai, puis de Ningbo ; en 1842, prise de Chapu, de Wusung, de Shanghai, de Chingkiang.
Les Britanniques veulent encore faire pression sur les Chinois afin d’obtenir davantage. En août 1842, une escadre britannique remonte le Yangzi Jiang jusqu’à Nankin, obligeant le gouvernement de l’empereur Tao-kouang à capituler et à signer le traité de Nankin le 29 août 1842. Le régime mandchou panique, au moment où tombe Nankin, car sa survie est en jeu. Il dépêche des négociateurs. Yishan demande l’armistice et une convocation est signée le 27 mai 1841. Elle engage les Chinois à racheter Canton pour 6 millions de dollars aux Britanniques dont un million le jour même. Mais elle repose sur un double malentendu utilisé par les diplomates britanniques : les Chinois considèrent cette action comme un prêt commercial alors que les Britanniques n’ont renoncé ni à l’indemnisation des stocks d’opium ni à Hong Kong. Ce traité donne aux Britanniques le libre commerce de l’opium, la fin de l’obligation de négocier uniquement avec les Co-Hong et surtout la concession de l’île de Hong Kong qui ne sera rétrocédée à la Chine que 155 ans plus tard, en 1997.
La victoire facile des forces britanniques affecte gravement le prestige de la dynastie Qing et contribue au déclenchement d’une très grave révolte, la rébellion Taiping (1850-1862).





Deuxième guerre de l’opium

L’insurrection des Taiping qui fait presque basculer l’Empire, est le signe que le paysan chinois ne peut plus supporter l’insuffisance et la concentration des terres, l’accroissement des charges fiscales, la dépréciation de la monnaie cuivre qui touche durement les plus pauvres, la transformation des petits exploitants en ouvriers agricoles.
En 1854, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis contactent les autorités chinoises et demandent des révisions des traités pour pénétrer sans résistance dans Canton, étendre le commerce à la Chine du Nord et le long du fleuve Yangzi, légaliser le commerce de l’opium et traiter avec la cour directement à Beijing. La cour impériale rejette toutes les demandes de révision.
Le 8 octobre 1856, des officiers chinois abordent l’Arrow, un navire anglais enregistré à Hong Kong sous pavillon britannique, suspecté de piraterie et de trafic d’opium. Ils capturent les douze hommes d’équipage et les emprisonnent. Les Britanniques demandent officiellement la relaxe de ces marins en faisant valoir la promesse par l’empereur de la protection des navires britanniques, sans succès. Les Britanniques évoquent alors l’insulte faite au drapeau britannique par les soldats de l’Empire Qing.
Ils décident d’attaquer Canton et les forts alentours. Ye Mingchen, alors gouverneur des provinces du Guangdong et du Guangxi, ordonne aux soldats chinois en poste dans les forts de ne pas résister. Les navires de guerre américains bombardent Canton. Mais population de Canton et soldats résistent à l’attaque et forcent les assaillants à battre en retraite vers Humen. Le parlement britannique exige de la Chine réparation pour l’incident de l’Arrow et demande à la France, aux États-Unis et à la Russie de participer à une intervention multinationale. La Russie seule reste à l’écart.
Le 28 décembre 1857, les flottes combinées de l’Angleterre et de la France prennent d’assaut Canton. Le 16 mars 1858, l’amiral français Rigault de Genouilly, quitte Canton avec l’escadre pour la Chine du nord. Le 20 mai 1858, agissant de concert avec les Anglais, il s’empare des forts de Ta-Kou à l’embouchure du Peï-ho dans le Petchili avant de remonter le Peï-ho jusqu’à Tien-Tsin en direction de Pékin.
Le 24 juin 1859, les forces franco-anglaises tentent de pénétrer dans Tianjin et se font refouler. Le 17 juillet 1860, ils débarquent sur le sol chinois et prennent Tianjin le 2 septembre 1860. Le 5 octobre, anglais et français campent sous les murailles de Pékin et pillent le « Palais d’été ». Le 13 octobre, Pékin tombe. Le 17 octobre, le « Palais d’été » est incendié. Le 24 octobre 1860, la Chine capitule et signe la Convention de Pékin.



Traités et suites

Le traité de Nankin, signé en août 1842 à l’issue de la première guerre de l’opium, avait déjà accordé aux Anglais des privilèges commerciaux considérables et l’île de Hongkong.
En 1860, la Convention de Pékin fait suite à une longue liste de traités qualifiés par les Chinois de « traités inégaux ». Onze ports, dont Canton, Shanghaï, Hankou et Tianjin, sont ouverts au commerce. Les droits de douane sont limités à un maximum de 5 %. Les Occidentaux ont le droit de circuler à l’intérieur du pays et acquérir des propriétés foncières sans payer plus de 2,5 % de taxes. La Grande-Bretagne acquière la presqu’île de Kowloon en 1860 et obtient en 1898 un bail de 99 ans sur les Nouveaux Territoires (952 km² constituant 80 % du territoire Hongkongais) et sur 235 îles au large de Hongkong.
Les révoltes paysannes finiront par ébranler l’empire qui devient une république le 12 février 1912, avec l’abdication du dernier empereur de Chine, Puyi, alors âgé de six ans.
À l’exception peut-être des Incas et des Indiens d’Amérique confrontés à l’alcool, les guerres de l’opium constituent un premier « modèle » de l’action d’une substance psychotrope qui se trouve imposée par une nation à une autre. Dans les années 1900, les ravages de l’opium sont considérables puisque près de 25 millions de personnes dans le monde sur 1 milliard sont consommateurs réguliers, à comparer avec la situation en 2000 où ce sont 25 millions de personnes parmi 7 milliards qui sont dépendants des drogues.
En Chine, pillages, famines, répressions, durent un siècle, de 1840 à 1949. Les chercheurs anglo-saxons évaluent le nombre des victimes dans une fourchette oscillant entre 120 et 150 millions. L’arrivée de Mao au pouvoir, avec son effroyable bilan de 80 millions de morts, ne met pas non plus fin aux souffrances des Chinois.

169 pas

En 2009, pour marquer le début de la parade militaire à l’occasion du 60ème anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, les gardes d’honneur effectuent exactement 169 pas sur la place Tiananmen.


Ils représentent les 169 années passées, de 1840 à 2009. « Pas à pas, les hontes de la Nation sont lavées, avec la lutte d’innombrables héros qui ont précédé notre époque » explique le Beijing News, faisant référence, entre autres, à la guerre de l’Opium. Les Chinois semblent vouloir oublier les atrocités de Mao puisqu’en 60 ans de pouvoir, le Parti Communiste « de marché » a non seulement fait de leur nation de paysans soumis et affamés, la première puissance industrielle et financière du début du XXIème siècle, mais il a aussi redonné à la Chine la fierté et la souveraineté perdue à Nankin.